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L’UFS s’inquiète du recul des ventes de semences vers la Russie et l’Ukraine

De gauche à droite : Olivier Paul, président de l'UFS, Rachel Blumel, directrice générale, Rémi Bastien, vice-président, mercredi 5 novembre à Paris.

En raison du contexte géopolitique qui n’a jamais été aussi difficile, l’Union française des semenciers reste vigilante face aux pertes de débouchés à l’export. Au niveau national, le syndicat appelle à la sécurisation du crédit d’impôt recherche dans le budget pour 2026.

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« Nous sommes fiers de notre position de premier exportateur mondial de semences de grandes cultures, mais le contexte n’a jamais été aussi difficile et je ne sais pas si on sera capable de tenir cette place encore l’an prochain », s’est interrogé Olivier Paul, président de l’UFS (Union française des semenciers), lors d’une conférence de presse, mercredi 5 novembre à Paris.

Le syndicat des semenciers s’inquiète notamment du recul des ventes vers la Russie et l’Ukraine, en raison du conflit entre les deux pays. « Il y a une dizaine d’années, les exportations françaises vers la Russie et l’Ukraine sont montées à 100 M€, puis ont atteint en 2021-2022 le pic de 195 M€ », informe Rémi Bastien, vice-président de l’UFS. En effet, avant la guerre en Ukraine, les entreprises semencières se développaient beaucoup à l’Est car elles venaient remplacer une génétique très pauvre. Mais les exportations françaises sont redescendues à 160 M€ en 2023-2024, soit 7 % des exportations totales de l’Hexagone. Elles devraient baisser à nouveau en 2024-2025.

De plus en plus autonomes en semences

En 2024, la Russie était encore deuxième client des semences françaises, après l’Union européenne. Elle accusait toutefois un recul de 7 %. « Et cela va continuer, anticipe Olivier Paul. Car aujourd’hui, la Russie s’est organisée et a clairement mis la semence comme enjeu stratégique pour assurer sa souveraineté alimentaire, avec une fermeture des frontières aux semences étrangères. » Le pays a mis en place des programmes massifs de recherche, subventionnés. Objectif : basculer de 25 % de semences russes à 75 % d’ici 2030. En maïs, ils ont déjà dépassé ces 75 %, et en oléagineux, ils sont à 69 %. « Ils avancent à marche forcée, grâce à l’arrêt des importations et aux investissements pour améliorer la génétique locale », décrit le président de l’UFS. Seules passent encore quelques espèces comme les betteraves ou les potagères. Le quota de semences françaises vers la Russie atteint seulement 300 t de maïs waxy pour l’année à venir, et 500 t de tournesol oléique.

Quant à l’Ukraine, elle est aujourd’hui devenue un concurrent de l’Europe. Malgré la guerre, le pays continue à se développer et à grignoter des parts de marché. Son but est de produire mais pas de développer sa génétique propre, contrairement à la Russie.

L’enjeu du crédit d’impôt recherche

Le contexte politique français actuel interroge aussi les semenciers. Ils appellent à la sécurisation du dispositif fiscal de soutien à l’innovation variétale dans le projet de loi de finances pour 2026. Ce crédit d’impôt recherche (CIR) est « un enjeu critique aujourd’hui pour pouvoir investir massivement afin de préparer l’avenir au regard des enjeux qui sont les nôtres », insiste Olivier Paul.

Chaque année, les entreprises du secteur injectent en moyenne 11 % de leur chiffre d’affaires en recherche et développement. « Environ 20 % de cet effort de recherche est soutenu par le CIR, chiffre l’UFS. Mais tous les ans, on ne sait pas à quelle sauce il va être mangé. »

Amendements en discussion

Ainsi, pour 2026, l’incertitude est encore de mise. Le projet de loi de finances n’est pas encore voté et « nous ne savons pas si le CIR va continuer à exister, ou à quelle hauteur », s’inquiète Olivier Paul. Le syndicat des semenciers craint une nouvelle baisse de cette aide, après un « premier rabot » l’an passé alors que le contexte économique reste compliqué. « C’est une difficulté pour nous, alors que ces dispositifs d’aide à la recherche existent chez nos principaux concurrents européens et internationaux », souligne le président.

« Le CIR, précise de son côté Rémi Bastien, a aussi permis d’attirer un certain nombre d’opérateurs mondiaux en France », à l’image du japonais Sakata en potagères. Sept amendements, favorables au CIR, étaient en discussion début novembre au moment des débats. Rachel Blumel, directrice générale de l’UFS, veut ainsi croire à la prise de conscience des décideurs sur l’importance du CIR pour le secteur semencier.

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